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chair du papier traits et vagabondages ← articles plus anciens 17 février 2018 les bas rouges les bas rouges 3 , gravure sur plaque vinyl état intermédiaire sur kraft blanc, 60×60 cm. retour à l’atelier au milieu des planches, des papiers, des encres et des outils… je pensais en avoir fini avec la série apothéose en noir et or mentionnée à trois reprises dans ce blog. la présentation de l’ensemble de ses dessins avait été prolongée sur les cimaises du château des lumières de lunéville jusqu’au 31 décembre 2016, accompagnée d’un catalogue. et puis, une nouvelle thématique m’avait accaparé. pourtant je restais sur ma faim, car l’exploration d’un tel univers aux confins de l’histoire de l’art, du rêve et aussi du fantasme me poursuivait. alors je me remis à l’ouvrage, mais avec d’autres outils. délaissant la spontanéité du dessin sur papier, la gravure en relief ouvrait d’autres perspectives avec un rapport au temps différent. autant dire une maturation de l’image beaucoup plus lente car soumise aux nécessités d’un langage lui-même dépendant d’une technique rigoureuse qui dicte sa loi : dureté du support, exigence d’un outil de qualité rigoureusement affûté, temps de séchage des encres, jeu des planches multiples, etc… une somme de contraintes qui pourrait décourager toute entreprise, mais qui, à l’inverse induit un état d’esprit propice à une exploration dans l’image bien spécifique. le graveur, par principe, n’est pas l’esclave du chronomètre, et d’ailleurs il s’en contrefiche. l’atelier du graveur est avant toute chose un espace de liberté… le tout était de bien choisir mon support. délaissant le bois de fil ou compressé, j’ai opté pour un support vinyl lisse, dur et homogène que me procurent certaines dalles de sol industrielles vendues dans le commerce. ce qui permet de disposer d’un format rigoureusement carré superposable avec précision pour un travail en deux couleurs. cette série nouvelle comportera au minimum dix gravures tirées sur papier fabriano ivoire. deux sont aujourd’hui achevées et tirées (voir les bas noirs 1 et 2 en bas d’article). pour chaque gravure, c’est une longue suite d’étapes de travail, depuis l’ébauche du dessin sur papier, dont la composition est au besoin reprise par calques secondaires ou collages partiels, jusqu’au tirage final. c’est pourquoi, j’en élabore plusieurs de front, passant de l’une à l’autre, avec un « cahier des charges » que je respecterai : format carré unique des planches 60 x 60 cm, avec seulement deux couleurs, le noir et le rouge (au besoin noir avec une pointe de blanc) sur le ton ivoire du papier, ce qui se traduit pour chaque image par deux, voire trois planches. cette simplicité a un but, celui d’épurer au maximum mon langage graphique, reprenant avec deux couleurs au lieu d’une seule, l’esprit qui m’avait conduit à travailler ma précédente série de xylographies rouge est la couleur du mystère , inspirée de l’oeuvre peinte de georges de la tour. cette économie de moyens est propice à un état mental qui porte toute l’attention sur la ligne et le trait, qui aurait pour ambition de simplifier l’idée jusqu’à l’épure. une fois que cette idée principale est consacrée, j’imprime sur papier un premier état posant les grandes lignes de la composition, qui se précisera au besoin à l’aide de fragments de calques ou de papier collés dessus. c’est la phase de construction de l’image la plus excitante, quand on tourne autour de l’idée d’une forme sans parvenir encore à la concrétiser de façon convaincante. par ce long cheminement, l’esprit de chaque gravure, puis la série entière trouve peu à peu son unité et sa cohérence. les bas rouges 4, gravure sur plaque vinyl état intermédiaire sur papier calque avec rehauts de pastel, 60×60 cm. les épreuves d’essai sur kraft ou calques s’accumulent au fur et à mesure de l’élaboration des planches, dont l’ensemble peut me satisfaire, ou bien constituer de potentiels fragments d’images en devenir. c’est ce que j’appelle « ma banque de données ». peu à peu se bâtit une cohérence de sens pour l’ensemble de la série qui naîtra d’une lente maturation. seule une idée très générale de la série est préconçue et chaque image se nourrira des apports des précédentes. a l’inverse d’autres graveurs qui pourraient attaquer d’emblée leur planche à l’instinct. l’étape de la gravure elle-même des planches de vinyl n’est pas la tâche la plus longue dans le processus de création. elle valide dans la matière un tracé par les ressources conjuguées des gouges en u ou en v, ou des ciseaux pour le dégagement des aplats. avec cette nécessaire contrainte que connaissent tous les graveurs, qu’est la délicate et fréquente nécessité de l’affûtage des outils. c’est un casse-tête technique que je n’ai pu résoudre de façon absolument satisfaisante en consultant les sites spécialisés, à propos notamment de la valeur d’angle d’affûtage du tranchant des outils. mon expérience personnelle fait que je m’en tiens à utiliser différents grains de toile émeri en finalisant l’affûtage sur la pierre à huile. simple affaire de technique, me direz-vous, mais tous les ami(e)s graveurs savent combien un usage précautionneux des outils et des encres est fondamental dans tous les langages de la gravure en creux ou en relief. en exemple à ces quelques propos de méthode, je vous présente ci-dessous quelques étapes de travail de la gravure (5) de la série les bas noirs, et l’état définitif des gravures (1) et (2). les bas rouges 5, gravure en cours d’exécution sur plaque vinyl, 60×60 cm. les bas rouges 5, gravure sur plaque vinyl état intermédiaire sur papier calque avec collages, 60×60 cm. les bas rouges 5, gravure sur plaque vinyl état intermédiaire sur papier calque, 60×60 cm. les bas rouges 5, gravure sur plaque vinyl état intermédiaire sur papier calque avec rehauts de pastel, 60×60 cm. les bas rouges 2, gravure sur plaque vinyl tirage final sur fabriano ivoire, 60×60 cm, année 2018. les bas rouges 1, gravure sur plaque vinyl tirage final sur fabriano ivoire, 60×60 cm, année 2018. publié dans art et culture | un commentaire 08 décembre 2017 portraits des lumières je reviens avec cet article à une série de dessins déjà anciens intitulée « portraits des lumières » dont l’exposition inaugurale eut lieu en 2005 à la bibliothèque stanislas de nancy, dans le cadre du programme de nancy 2005, le temps des lumières. un commentaire sur l’un des 33 dessins composant la série avait fait l’objet d’un précédent article, le peintre et son modèle , à propos d’un dessin inspiré d’un portrait d’anne-marie drant, peint vers 1785 par dominique pergaud qui était aussi son époux (musée charles de bruyères de remiremont)). dans ses grandes lignes, mon projet était de travailler la thématique du portrait, prenant prétexte de sources iconographiques conservées dans les collections publiques ou privées de lorraine, visages lointains, célèbres ou anonymes ayant vécu au xviii e siècle en lorraine. mais il ne s’agissait bien que de prétexte : une béance de plus de deux siècles m’offrait en partage l’apparence physique de parfait(e)s inconnu(e)s d’un autre espace temps, qu’aucune connivence ne pouvait combler. prenant prétexte de ce regard lointain que l’artiste avait immortalisé par son pinceau sur sa toile, je m’inventais un nouveau personnage et je butais sur son énigme qu’une seule ressource pouvait combler : mon imaginaire… un imaginaire d’autant plus attisé que le personnage représenté par le peintre était étranger à la grande histoire et promis à un éternel anonymat. et je parachevais ma démarche de dessinateur en associant à ce lot de personnages d’époque révolue quelques autres purement virtuels. ce qui m’intéressait était d’approcher la thématique du temps, de la trace, et dans ce basculement d’une vérité qui nous échappe inexorablement, au profit de l’invention et du faux-semblant. s’en est suivit cette série de 33 portraits fantasmatiques, réalisés dans un format 80 x 100 cm à l’encre de chine et pinceau sur un marouflage de papier